Neurosciences et IEF

Actuellement, il n'y a pas un jour sans qu'une nouvelle publication vienne nous parler du bien de l'enfant, de cet environnement qu'il faudrait lui offrir pour qu'il puisse grandir, apprendre et s'épanouir en toute humanité. La connaissance des besoins fondamentaux des enfants, mais aussi des mécanismes d'apprentissages sans violence sont aujourd'hui accessibles à tout un chacun.  

En bref

Neurosciences et IEF : une motivation pour les parents de franchir le pas.

Les familles IEF sont particulièrement sensibles à ce thème. Certaines ont d’ailleurs démarré l’instruction à domicile, faute de trouver dans l’environnement scolaire disponible, un cadre offrant aux enfants un espace d’apprentissage et de vie qui tienne compte de ces découvertes scientifiques.

L’instruction à domicile est donc ni plus ni moins une démarche pédagogique et éducative qui trouve ses fondements dans les dernières recherches en neurosciences sur le développement du cerveau de l’enfant (intelligence sociale et émotionnelle). Connaître les conclusions de ces recherches scientifiques, c’est comprendre le succès et le développement de l’IEF dans le monde. Elles peuvent être résumées ainsi :

Importance de l’environnement pour le développement cognitif et socio-émotionnel

  • L’être humain naît avec de grandes promesses d’intelligence et d’humanité, mais son cerveau n’est que « pré-câblé » à la naissance. Il naît en quelque sorte « prématuré » au niveau cérébral et le développement de ses potentiels cognitifs et socio-émotionnels sont conditionnés par son environnement.
  • Le cerveau humain est très immature et fragile pendant de nombreuses années et n’atteint sa maturité qu’à l’âge de 20 ans environ.

Un environnement respectueux de cette immaturité et axé sur l’accompagnement du développement cérébral est essentiel pour favoriser le développement de qualités comme l’empathie, le sens des autres, mais aussi les capacités d’apprentissage de l’enfant.

Les moteurs d’apprentissage

Le jeu

  • Le jeu libre constitue le premier moteur d’apprentissage de l’enfant ; le laisser jouer librement plusieurs heures par jour est vital pour la maturation de son cerveau, pour le développement de sa motivation intrinsèque, de sa confiance en lui et de sa joie de vivre. Ce développement est assuré par une molécule, appelée « Brain-Derived Neurotrophic Factor (BDNF) » qui est sécrétée par le jeu et constitue un facteur capital de croissance neuronale intervenant dans la prolifération, la survie et la différenciation des neurones et leurs connexions.

Le mouvement

  • L’enfant doit, pour se développer, avoir une vie qui lui permet de bouger quand il en a besoin, de courir souvent, de se promener à l’extérieur.

Le rythme et le sommeil

  • Respecter son rythme de sommeil est capital pour sa maturation cérébrale ; il devrait pouvoir dormir autant qu’il en a besoin.

Le temps

  • L’enfant a besoin de temps dans la journée pour ne rien faire, s’occuper de tout et de rien, à son rythme, et rêvasser (état cérébral que les neuroscientifiques appellent « mode par défaut », qui permet de classer et mettre de l’ordre dans les informations reçues).

La présence d’adultes bienveillants et l’absence de stress

  • L’enfant est naturellement sans cesse en situation d’apprentissage, mais la qualité de ses apprentissages dépend notamment des trois facteurs suivants : sa motivation endogène, la richesse de son environnement, l’exemple et l’attention qui lui sont donnés par les personnes présentes autour de lui. Sans curiosité naturelle, la mémoire n’est que faiblement activée. La mémoire et la capacité d’apprentissage des enfants sont considérablement augmentées par la présence d’adultes chaleureux, bienveillant et soutenant dans l’environnement, mais sont très altérées par le stress.
  • Elever un enfant dans un milieu bienveillant et non stressant est fondamental pour la maturation de son cortex orbito-frontal, qui gèrera plus tard sa capacité à développer des relations empathiques et bienveillantes avec les autres.

Un environnement emphatique et coopératif

  • L’ocytocine ou « molécule de l’empathie, de l’amitié et de la coopération » est très impliquée dans le développement cérébral ; elle est sécrétée par un environnement tendre et affectueux, qui donne naissance à un cercle vertueux favorisant le développement cérébral de l’enfant.
  • Le stress, les humiliations verbales (y compris des enfants entre eux), l’absence d’empathie et d’écoute, notamment, nuisent à son développement, inhibent la sécrétion de molécules nécessaires à son développement et sont responsables à l’âge adulte de comportements à risque (agressivité, mauvaise gestion des émotions, incapacité d’empathie, de bienveillance, maladies psychiques, dépressions, suicides).
  • Le jeune enfant est incapable de s’apaiser seul, car son centre de gestion des émotions n’est pas encore développé au niveau cérébral ; quand on est indifférent à ses pleurs, il est envahi par des molécules de stress, qui sont très toxiques pour son cerveau.

Les neurones miroirs

  • Par le biais de ses neurones « miroirs », l’enfant apprend énormément par l’observation et l’imitation des personnes plus âgées que lui (enfants, adultes).

Amour, protection, bienveillance

  • L’enfant a besoin d’amour, de protection, de proximité et de la présence d’adultes bienveillants en lesquels il a confiance pour se développer harmonieusement. La sécurité, l’affection, les câlins, le maternage par les parents et par les proches régulent le développement de l’hippocampe, structure cérébrale impliquée dans la mémoire et l’apprentissage de l’enfant.
  • L’idée selon laquelle l’exposition précoce des enfants à la frustration et à la violence les aidera à y faire face à l’âge adulte est totalement contredite par les études actuelles ; le fait que cette idée soit répandue s’explique par l’incapacité d’empathie des adultes qui la relayent, elle-même causée par le manque d’empathie qu’ils ont subi, qui a altéré le développement de leur cerveau émotionnel.
  • L’affection et l’attention donnée à un enfant et l’accompagner dans la gestion de ses émotions n’en font pas un enfant « roi ». De tels enfants sont le résultat d’une attitude de parents démissionnaires et d’enfants livrés à eux-mêmes.

La dopamine

  • Quand le parent soutient, encourage son enfant dans son désir de vivre, d’explorer, de découvrir, une molécule cérébrale, appelée dopamine, est sécrétée, qui engendre du plaisir de vivre, de la motivation, de la créativité.
  • Quand l’enfant se tourne vers une activité avec enthousiasme, il décuple ses capacités d’apprentissage, grâce à la sécrétion de dopamine.

De nombreuses interactions humaines de qualité 

  • La richesse des apprentissage de l’enfant est proportionnelle aux nombre d’interactions humaines de qualité (bienveillantes, empathiques, communicatives, attention, etc) qu’il va rencontrer dans son environnement quotidien.
  • Un étayage bienveillant, individualisé et non invasif, est le meilleur support technique et pédagogique que nous pouvons offrir à l’enfant.

Le rôle des adultes

  • L’adulte est un élément-clé du système d’apprentissage ; il joue un rôle très important en orientant l’attention de l’enfant sur son environnement.

Les rôles des enfants — groupes multiples et fratries

  • L’apprentissage horizontal entre enfants, dans les fratries ou les classes multi-âges (groupes d’enfants) est bien plus efficace que ce que peut apporter un enseignement vertical (zone proximale de développement). Aucun enseignant ne peut rivaliser avec la facilité de transmission des savoirs d’enfants d’âges différents. Dans les groupes multi-âges, les enfants sont confrontés à une diversité de comportements sociaux qui leur permet d’encoder et d’appréhender les rouages des relations sociales de façon beaucoup plus riche qu’en étant confrontés à des enfants du même âge. En effet, l’être humain est câblé pour apprendre avec d’autres humains plus jeunes et plus âgés que lui.
  • L’engagement actif, l’étayage de l’autre et le mélange des âges sont trois paramètres fondamentaux de l’apprentissage par le jeune enfant.

Le rôle essentiel de l’erreur

  • L’erreur est un élément capital de l’apprentissage et ne doit pas être stigmatisée ; elle doit être constatée de manière neutre et ne pas être jugée.

En contact avec la vie réelle 

  • L’enfant ne doit pas être isolé de la richesse de la vie réelle.
  • Laisser les enfants être en contact avec la vie réelle, c’est aussi leur permettre de renouer avec la nature. Il faut mettre l’enfant en situation d’apprendre à jardiner, récolter, cuisiner, etc.

En conclusion

Au lieu de tenter d’endiguer et restreindre l’IEF par des mesures légales contraignantes, les Etats pourraient considérer l’instruction hors des établissements scolaires comme un formidable laboratoire pour mesurer l’impact d’un environnement différent sur les enfants. Nous encourageons les chercheurs comme les gouvernements à porter un regard ouvert et intéressé sur ces mini espaces d’exploration à ciel à ouvert.